Créer une marque responsable tout en misant sur les talents locaux

Publié le
17/10/2024
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Chez Boite Pac, nous sommes à bout dugreenwashing, dusocialwashing, dubrainwashing, bref, de tout ce qui termine en « ing » et qui fait référence à la mise en place de fausses bonnes actions. C’est pourquoi nous avons décidé de vous présenter une série d’entrevues, dans laquelle vous découvrirez des personnalités inspirantes qui dans l’unique objectif d’améliorer la société et la planète, travaillent à moderniser les pratiques commerciales afin de les rendre plus responsables.

Pour la première entrevue de cette série, nous avons rencontré Vincent Marceau, fondateur de la marque Nil Apparel. Nil confectionne des chandails basics de qualité supérieure, faits pour durer longtemps et créés de la façon la plus responsable possible, tant d’un point de vue social qu’environnemental. C’est d’ailleurs en nommant la marque Nil que Vincent souligne l’impact réduit qu’offre cette ligne de vêtement. Nil est en fait un synonyme de “nothing” en anglais. C’est donc tôt le matin que nous avons rendu visite à cet entrepreneur pour discuter des réalités reliées à une entreprise responsable aux origines montréalaises.

Quel a été le déclic qui a mené à la création d’une entreprise de textile responsable comme Nil?

Tout ça a commencé quand j’ai réalisé que j’étais blasé de travailler dans le milieu des agences de marketing pour des marques qui ne rejoignaient pas mes valeurs. Je devais m’orienter vers un autre domaine et c’est ce que j’ai décidé de faire. C’est d’ailleurs pendant cette période de transition que je suis tombé sur des articles qui dévoilaient l’impact dévastateur de l’industrie du textile sur l’environnement. J’ai poursuivi mes recherches pour savoir si Montréal offrait des options responsables pour faire face à cet enjeu. Il y en avait quelques-unes, mais rien ne m’interpellait réellement. C’est ce qui a créé un déclic dans mon esprit et c’est ce qui m’a poussé à démarrer Nil.


Quels sont les défis principaux pour un entrepreneur qui décide de confectionner une ligne de vêtements écoresponsables conçus à Montréal?

Je dirais qu’un des défis demeurent dans le fait que l’industrie du textile à Montréal à la particularité d’être relativement archaïque. En ce sens, effectuer une recherche de fournisseurs à travers des sites web est une chose difficile. Il faut plutôt se rendre sur place, cogner aux portes et établir des liens directs avec les propriétaires. J’ai tout de même réussi à trouver un des seuls fournisseurs de tissu écoresponsable à avoir un site web à Montréal, ce qui m’a permis d’acheter mes premiers mètres de tissu et de confectionner mes premiers modèles. Disons, par contre, que le résultat que j’avais en tête ne s’est pas matérialisé comme prévu. Il a fallu que je collabore avec des patronistes d’expérience pour arriver à un résultat satisfaisant, et ce, après plusieurs essais. À cela s’ajoutent les multiples autres défis reliés au démarrage d’une entreprise de textile. Que ce soit ceux reliés à la production ou ceux financiers, disons que produire une marque de vêtements écoresponsables n’est pas chose simple.

Quelles sont tes méthodes pour évaluer si les fournisseurs avec qui tu collabores respectent les valeurs de Nil?

Je m’assure que les fournisseurs qui effectuent la production respectent les méthodes de fabrication et les conditions de travail qui m’ont été présentées au moment de la signature du contrat. C’est pour cette raison que je n’hésite pas à faire des visites surprises pour effectuer ma propre évaluation. De cette manière, je peux m’assurer que les employés qui travaillent sur nos produits sont respectés et payés adéquatement. J’exige également à avoir accès aux factures pour avoir une preuve tangible que les produits sélectionnés sont certifiés GOTS (certification qui permet de garantir le statut biologique et équitable des fibres textiles utilisées). Bref, aller sur le terrain est pour moi le meilleur moyen de m’assurer que les fournisseurs avec qui je collabore respectent les normes et les valeurs de Nil.

Crédit photo: PME Montréal

Que penses-tu de l’industrie du textile responsable à Montréal?

Ça dépend de l’expertise, je dirais. En ce qui a trait aux tricoteurs, je remarque qu’ils sont de plus en plus axés sur la confection de différents matériaux écologiques. On sent que le virage écoresponsable est entamé. C’est par contre sur le plan de la gestion des bâtiments où se trouvent les entreprises de textile qu’il y a un réel problème. Par exemple, où je suis situé, tout est jeté et rien n’est recyclé. La mentalité de ces gestionnaires est encore basée sur le fait de maximiser les profits pour être capables de survivre. Donc, si mettre en place un système de recyclage leur demande d’injecter des fonds supplémentaires, ils ne le feront tout simplement pas.

As-tu mis en place des mesures pour diminuer votre production de déchets?

Oui c’était primordial. La quantité de retailles produites était beaucoup trop importante. J’ai décidé de collaborer avec Atelier Retailles pour effectuer la récupération de mes retailles de tissu. En leur fournissant cette matière, il la transforme pour ensuite créer du papier.

Qu’est-ce que tu penses des grandes marques qui se qualifient « responsables » alors qu’elles offrent des collections différentes chaque saison?

Je trouve ça très paradoxal. Il faut faire attention justement aux marques qui se disent écoresponsables parce qu’elles utilisent des matériaux recyclés alors que leur pratique ne l’est pas réellement. Sortir quatre nouvelles collections écoresponsables chaque année ou offrir une boite mensuel qui permet de consommer des nouveaux produits chaque mois, est-ce vraiment bon pour l’environnement? Poser la question c’est lui répondre. Même sur le plan des matériaux, ça vaut la peine de bien faire ses recherches pour établir la véritable composition. Certaines marques vont dire qu’elles offrent une paire de jeans en tissu recyclé alors que seulement 10 % de la matière l’est réellement. Pour moi, c’est un parfait exemple de greenwashing.


Parlant de greenwashing, quel conseil donnerais-tu aux consommateurs pour éviter de tomber dans ce piège?


Le prix est une excellente mesure pour leur permettre de différencier les marques écoresponsables de celles qui ne le sont pas réellement. Dépendamment de la structure de prix, un t-shirt, selon moi, ne devrait pas se vendre à moins de 30$ s’il est indiqué qu’il est fait à Montréal et à base de matériaux biologiques. Si tel est le cas, encore une fois, je vous encourage à pousser vos recherches pour connaître réellement ce qui se cache derrière l’étiquette.


Recommandations de Pac

Si par hasard cet article t’as inspiré à lancer une ligne de vêtement, ça vaudrait la peine de garder les critères suivants en tête:

  • Crée une marque qui sera à l’image de tes valeurs personnelles, et ce, même si ça nécessite des efforts supplémentaires ;
  • Prends le temps de choisir des fournisseurs de confiance qui respecteront leurs employés et tes valeurs ;
  • N’hésite pas à effectuer des visites surprises sur le terrain pour évaluer personnellement les pratiques de tes fournisseurs ;
  • Mise sur le talent local si la situation le permet (c’est-à-dire assez souvent);
  • Évite d’être responsable pour la simple raison d’avoir une belle image de marque. Sois-le pour les bonnes raisons. Sois-le pour avoir un impact réel au sein de la société.


Si tu désires en apprendre davantage sur l’impact social et environnemental pour améliorer les pratiques de ton entreprise ou celle pour laquelle tu travailles, n’hésite pas à venir nous jaser ici.

Article écrit par Thomas, Consultant B Corp (il/he/him)

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